Festival, Cirque
Le champion d'escalade et danseur sur façade, Antoine le Menestrel
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Le spectacle s'appelle « Service à tous les étages », parce que je suis au service de l'architecture qui est ma partition chorégraphique.
Je réinvente le spectacle à chaque occasion, selon le monument. Le contexte de la mise en scène va également m'inspirer, c'est pour cela que j'ai demandé un peu des éléments sur l'histoire et la mémoire du lieu pour voir si je peux m'en inspirer. A Château-Landon, il est bien possible que je commence le spectacle tel un stylite en haut de la cheminée de l'abbaye, pour faire référence au passé monacal du lieu. En effet, les stylites étaient des ermites qui se consacraient à la méditation sur des portiques ou colonnades en ruine. (NB : dans l'art médiéval, ils sont souvent représentés debout en haut d'une grande colonne).
Je suis en costume de serviteur, avec une queue de pie, parce que je suis là pour révéler le lieu et pour réveiller les rêves des spectateurs.
L'abbaye possède une grande et belle façade qui donne sur un jardin mais qui est difficilement praticable pour moi. En effet, cette façade a été récemment restaurée et les aspérités ont été gommées. Je ne peux plus glisser mes doigts entre les pierres. J'ai donc cherché une autre façade plus modeste mais qui offrirait une partition architecturale qui m'inspire et qui permettrait de placer convenablement les spectateurs. Au final, le choix n'a pas été fait sur la beauté même de cette abbaye rénovée, mais plus sur son côté ancien, mémoire plus brute. C'est celui-là qui m'a le plus inspiré.
J'aime bien la relation entre le patrimoine et le vivant. Je trouve que le patrimoine, s'il n'est pas mis en valeur par un acte vivant, n'a pas toute sa portée. Le patrimoine existe parce qu'on révèle sa mémoire.
Mon père grimpait, ma mère grimpait, moi, je grimpais dans le ventre de ma mère. Tous les dimanches, on allait à Fontainebleau, comme certains qui vont à la messe. Puis dans les années 80, une nouvelle pratique d'escalade s'est inventée : l'escalade libre. On a décidé de grimper sans utiliser le matériel pour progresser, donc de rapprocher le corps du rocher.
Cette pratique qui était, à l'époque, révolutionnaire a développé en moi un élan de créativité. J'ai découvert que cette pratique sportive est également une pratique culturelle. Lors de compétitions d'escalade, il m'est arrivé de faire des démonstrations devant 10 000 personnes. J'ai alors senti qu'une cordée émotionnelle pouvait se créer entre les spectateurs et le grimpeur, ce grimpeur qui devenait un danseur. Cette cordée m'a apporté beaucoup d'émotions.
A la fin des années 80, j’ai donc choisi de retirer la partie compétition pour garder la partie relationnelle et poétique de la gestuelle. Depuis, je fais du spectacle sur les façades urbaines, mais pas seulement. Je fais du spectacle sur des monuments en carton, sur des falaises naturelles, sur des cascades de glace… Il faut juste que ce soit un support inspirant.
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